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Histoires d'animaux
1 Shalimar
Shalimar
Elle arriva chez moi, fermée dans un panier,
Silencieuse et tranquille comme une demoiselle.
Elle plongea ses yeux au fond de mes prunelles,
Tout en cherchant réponse à son grand désespoir.
Mon fils qui partait dans des îles lointaines,
M'avait donné la garde de cette petite chatte.
C'est donc dans ma maison qui s'ouvrait grande pour elle,
Qu'elle fit bien méfiante ses tous premiers pas.
D'abord bien distante, craignant mes doigts agiles,
Elle fit des ronrons pour se faire caresser.
Le soir, dans ma chambre où mes pas me menaient,
Elle n'hésitait point à venir se coucher.
Elle bondissait alors d'un saut bien assuré
Sur la belle couette qui m'enveloppait,
Et là, bien allongée, comme une princesse,
Elle lançait ronflements et miaulements feutrés.
Shalimar, tel est son nom, un nom de parfum
Qui garnit les vitrines des plus beaux magasins.
Ses yeux, deux très grandes pupilles
Dont le vert émeraude brille dans le lointain.
Sa fourrure golden pousse comme des épis
Qui se veulent couchés sur une terre glaise.
Et ses pattes, plus belles qu'une panthère
Se chaussent de bottes aux semelles arrondies.
Elle est très belle cette grande chasseresse,
Papillons, criquets, lézards sont sa gourmandise,
Mais comme dans les salons, où petits fours excellent,
Elles torturent ses proies sur mes douillets tapis.
Ah ! Shalimar ma belle,
Tu as su me charmer et choisir ta maison,
Car il faut dire, qu'après bien des trêves,
Elle n'a jamais voulu rejoindre son patron.
Je suis bien sa seule maîtresse,
Celle qui lui voue un grand amour,
Celle qui partage avec sa belle
Tous les instants les plus fous.
2003
A ma petite Shalimar
Les lumières s'éteignent
La lune s'arrondit.
Dans le jardin d'hiver
Les branches sont meurtries.
Un froid humide règne
Dans la maison blottie
Au milieu des tourelles
Où le lierre a laissé
Le long de la façade,
Des lacets tortueux
De couleur rougeâtre.
Personne, plus de bruit.
La nuit a recouvert
De son tulle bleu sombre
La nature habitée
De paysages sans ombre.
Seule dans l'opacité,
Un persan malheureux
Recherche sa maîtresse
Les yeux luisants d'amour
Et le regard peureux.
2003
Le chien et l'oiseau
Oh pardon ! Petit oiseau du ciel,
Je sais que dans mon cœur
Il y a tant d'amour !
Mais vois-tu, les hommes
N'ont pas compris que
Nous faisions tous deux
Corps avec la nature.
Ils m'ont forcé à te pourchasser
Toi, dont le chant ravit mes oreilles.
Avec leurs fusils qu'ils pointent vers toi,
Ils arrachent dans mon cœur
Toute cette tendresse que je ressens pour toi.
Pardon, petit oiseau, pardon !
J'espère qu'un jour viendra
Où les animaux reprendront la nature
Et que nous, pourrons revivre en paix,
Toi, dans ton joli ciel, ton ciel d'azur
Et moi, dans mon jardin à te regarder.
2004
Les petits moineaux
Hier matin, un grand sac de pain attendait au fond de ma cuisine, que deux mains bien expertes le transforment en généreuse pâtée.
Sachant que le temps prenait force froidure et que les petits oiseaux manqueraient de graines, je pris le pain dans le sac plastique et le passai très vite sous la belle fontaine.
Dehors, les moineaux mais bien aussi les pies, attendaient patiemment que le dîner se fasse car à travers les vitres de ma grande cuisine, ils voyaient bien mes mains préparer ce repas.
C'est alors que munie d'une belle assiette, j'allai d'un pas alerte jusqu'au fond du jardin et là, dans un geste de grande maîtresse, envoyai tout le pain à travers les herbes.
Aussitôt mille oiseaux venant de toutes parts, se mirent comme des fous à picorer le pain, mais alors qu'ils livraient entre eux grande bataille, une pie s'approcha le bec déjà ouvert.
Elle fonça sur ces pauvres petits moineaux et de sa queue bien majestueuse envoya balader tout ce menu fretin pour seule, engloutir bon repas et dessert.
Avez-vous deviné, vous qui lisez les fables, qui sont ces petits moineaux et cette vilaine pie ! Croyez-vous qu'après de longues batailles, nous pourrons remplacer les méchants… par les gentils ?
2005
Le repas de Shalimar
Ce matin en préparant mon petit déjeuner,
Un très gros papillon est venu me frôler.
Afin de lui rendre sa belle indépendance,
J'ai ouvert ma porte pour qu'il puisse s'en aller.
Mais non ! Ce papillon aux ailes vrombissantes
Dédaigna la sortie et s'envola plus loin.
"Ah, mon pauvre chéri ! Si Shalimar te chope
Elle fera de ton corps un fabuleux festin.
Tu as choisi, c'est bien, je respecte ce choix,
Alors vole dans la maison et régale-toi."
Alors que je buvais mon délectable breuvage,
J'entendis cavalcade venant de mon couloir.
Et oui ! Ma chatte endormie, là-bas dans la chambre,
Etait en train de faire la chasse au papillon.
Celui-ci affolé, vint frapper à la vitre
En pensant bien très fort qu'on la lui ouvrirait,
Mais c'était bien trop tard pour ce petit insecte,
Car deux yeux magnifiques l'avaient bien repéré.
De ses pattes de velours, elle fonça sur la bête
Et d'un geste étudié, l'écrasa un ptit peu.
Le pauvre papillon sentant sa mort prochaine
Alla chercher femelle qui s'était bien cachée.
Et là, notre chatte, découvrant cette aubaine
Se dit :"Merci Dieu pour ce très bon repas.
Je croyais n'avoir de ma belle maîtresse
Juste un menu fretin pour petit déjeuner,
Et voilà que le ciel, ce ciel que je vénère,
M'envoie sur un plateau le couple tout entier."
Ne dit-on pas ici sur cette terre
Que chacun cherche mort au détour du chemin ?
Car enfin, la porte était grande ouverte,
Pourquoi ne s'est-il pas envolé ce matin ?
Peut-être est-ce par amour qu'il a voulu rester ?
Peut-être voulait-il partir avec sa belle ?
La seule consolation qu'il en ait retirée
C'est d'être dévoré par une belle princesse.
2003
Shalimar, mon petit amour
Elle m'accompagne toujours dans mes grandes solitudes.
Elle me regarde sans cesse de ses yeux émeraude.
Elle se frotte à moi en différentes postures
Pour attirer à elle un geste de ma main chaude.
Elle cherche toujours mes pas dans la grande cuisine,
S'enivre des parfums qui chatouillent ses moustaches,
Elle saute aussi souvent près des viandes qui marinent
Afin d'en mieux sentir l'odeur qui s'en détache.
Le soir, quand elle me voit habillée en coquette,
Elle comprend très vite que soirée sera longue
Car elle sait très bien que si talons claquettent,
Ce n'est pas pour rester assise dans une chaise longue.
Alors pour me donner remords d'évasion,
Elle me tourne le dos et s'emplit de tristesse
Et moi, de ce grand cœur qui l'aime avec passion,
Je regrette déjà ma petite princesse.
Mais dans la nuit, alors que ma démarche résonne,
Elle dresse les oreilles et miaule un petit peu
Puis dans une posture qu'elle veut grande baronne,
Elle me toise dignement et retourne près du feu.
Je me dirige alors telle une belle coquette
Faire un brin de toilette et brosser mes cheveux
Puis vivement me plonge sous ma douillette couette,
Afin de bien voler vers d'innombrables cieux.
Alors, dans le noir de toutes lumières éteintes,
Je sens deux petites pattes venir s'accrocher
Au rebord de mon lit qui fait comme une empreinte
Et dans laquelle elle plonge pour bien me retrouver.
2004
Le lézard
Il passe insouciant sous les yeux de Princesse
S'arrête dans le jardin pour grignoter un peu
Puis pensant qu'il est temps de faire grande sieste
Choisit coin au soleil et étale sa queue.
Alors comme un félin se délectant d'avance,
La chatte bien patiente mesurant cet enjeu,
Pose une patte, puis l'autre ainsi que dans une danse,
Et s'approche du festin qui cuit à petit feu.
Le lézard heureux de ce temps magnifique
Ferme les yeux doucement pour goûter au bonheur,
Mais alors que ses rêves deviennent fantastiques
La tigresse se jette et tranche le dormeur.
Triomphante et bien fière de ce combat facile,
Elle emporte sa proie vers des coins plus douillets,
Là, sur le tapis, près des coussins de coutil,
Elle s'amuse du lézard, dès lors handicapé.
Si la queue n'est plus là, les yeux restent ouverts,
Profitant du dédain que la belle fait de lui,
Il court vers le sofa et se glisse comme un ver
Sous le sommier métal qui l'abrite en ami.
La belle alors frustrée de son jouet chéri,
Renifle de toutes parts l'odeur de son festin,
Mais ne pouvant atteindre l'objet de son délit
Retourne au soleil et attend le déclin. 2005
3
Amour d'enfants

Enfants ! Je vous aime
Ồ enfant ! Toi qui es le bourgeon de la tige,
Toi qui renais sur Terre quand le vieillard s'éteint,
Toi qui donnes ton cœur en faisant grands prodiges
Regarde bien le monde et prends d'autres chemins.
Toi que j'ai bien instruit durant de longues années,
Toi qui avais pour moi, cette fine tendresse,
Je voudrais que tes yeux regardent la clarté
Et amènent dans ton cœur une douce sagesse.
Des hommes, dans ce siècle où la fureur gronde
Veulent bâtir bien haut des murailles de haine,
Tu es encore petit, mais tu peux en une ronde
Donner grand coup de queue comme une grosse baleine.
Refuse le racisme, l'indifférence aussi,
Sur les bancs de l'école, reste toujours joyeux,
Apprends à secourir tes camarades aussi
Quand ils ont du chagrin tout au fond de leurs yeux.
Tu deviendras alors un enfant responsable,
Un enfant de la Terre dans ce grand Univers,
Un enfant qui tiendra toujours la tête droite
En disant bien aux autres:"Je ne fais pas la guerre".
La planète sera comme un grand tournesol,
Elle tournera sa face vers le plus beau soleil :
Celui qui brillera dans le cœur des hommes
Qui auront bien compris les lois de l'essentiel. 2004
A mon petit Sylvain
Toi qu'on a accueilli comme un petit poupon,
Tu as depuis huit ans enchanté nos matins.
Rusé, un peu malin, tu sais charmer longtemps
Les êtres qui t'entourent ici, dans la maison.
Dans ta soif de connaître un peu toutes les choses,
Tu t'attelles très vite dans chaque activité
Mais à peine entrevue, tu demandes une pause
Car de ton petit corps, tu es vite fatigué.
Sylvain, mon petit Sylvain, la vie est un torrent
Qu'il te faudra dompter, toujours au cours du temps
Si tu veux en cette Terre refaire tout un monde.
Il faudra bien apprendre à te lever matin.
Patience, mon poussin, patience,
Tes neuf ans arrivent au grand galop,