Acte II
Djy Père ! Ça y est, je sais où sont tes outils. Je ne sais pas pourquoi mais tout en t’écoutant bien dire, une voix tambourinait au fond de ma pensée : « Ils sont prés des thuyas, au bout de l’allée grise. » Bon, alors je vais voir si cette petite voix a dit grande vérité. Chouette Père, ils y sont, nous allons pouvoir y aller.
Père Donne-moi ma canne que je puisse te suivre. Tu sais que maintenant je suis un vieux bonhomme, qu’il me faut garder toujours ma grande pelisse afin que ce grand froid ne gèle tout mon corps.
Djy Que dis-tu Père ? Il fait grande chaleur ! Et ta canne, tu n’en as pas besoin. Je te porte en moi, depuis bien des siècles alors un peu plus maintenant ne me dérange point.
Père Bon alors, allons voir ce jardin.
Oh, ma chérie, quel travail doit-on faire !
Regarde, tes plantes sont noyées au milieu d’herbes folles, il est bien temps de nettoyer tout ça !
Prenons la pioche, creusons et arrachons les racines afin qu’elles ne repoussent pas.
Vois comme ton olivier rejette ses olives ! Allons ! Allons ! Coupons les rejetons.
Tu vois, quand j’étais là haut, bien seul et bien triste, j’étais comme une reine au milieu de sa ruche. Je passais tout mon temps à construire la vie afin qu’on puisse prendre soin de toutes mes créations. Il m’a fallu patience et ingéniosité pour inventer un monde toujours bien réglé. J’ai donné à chacun toujours le meilleur afin que la vie soit douce et s’écoule lentement. J’étais bien satisfait de voir évoluer, cette vie au fond de l’océan.
Djy Mais Père, tu ne me parles plus de ta petite poussière ! L’as-tu bien retrouvée ?
Père Non, ma chérie, je ne pouvais plus faire la différence entre ces milliards de petites cellules. Impossible pour moi de la reconnaître. Mais je gardai l’espoir, un espoir fou peut-être ! Mais un grand espoir.
Djy Oui Père, l’espoir fait vivre dit-on. Moi je le crois. Ma vie est faite d’optimisme, voilà un trait de mon caractère que tu as du me donner. Mais que s’est-il passé ensuite ?
Père Ensuite de cette mer limpide, j’ai vu sortir une forme bizarre qui se mit à ramper. J’ai ouvert de grands yeux pour observer ce phénomène car je ne pouvais plus rien contrôler.
Djy Père ! Attends, dis-moi, tu avais des yeux ? Comme les miens ?
Père Non mon petit oiseau, mon corps n’est fait que de lumière ! Tu sais comme une immense bulle ! Tiens, je vais te donner une comparaison. Tu t’es bien amusée quand tu étais enfant à souffler dans un verre des bulles de savon !
Djy Oh ! Oui Père j’adorais ça. Toutes ces petites bulles, minuscules, transparentes qui montaient vers le ciel avec mille couleurs !
Père Et bien je suis comme ces bulles. Je gonfle, gonfle et explose en milliards d’étincelles. C’est là, ma façon de créer. Mon corps tout entier se désagrège afin d’ensemencer toutes choses dans l’univers.
Djy Tu as fait ça longtemps ?
Père Jusqu’à ce que tout se mette bien en place. Ensuite comme un ingénieur devant sa machine, je l’ai regardée fonctionner.
Djy Donc si quelque chose s’enraye, tu peux réparer ?
Père Non, ma petite chérie, cette fonction-là ne m’a pas été donnée, elle appartient aux hommes. Je ne suis que créateur. Un peu comme une poule, je ponds mais ne peux empêcher renard de venir manger mes œufs.
Djy Oui, je comprends. Alors Père, quand toute cette humanité se plaint de ton silence, tu dois être malheureux de ne pouvoir rien faire ?
Père Très malheureux. C’est pourquoi j’ai créé en même temps que mes êtres, une belle doublure éthérée. Cette doublure vois-tu est mon porte parole au fond de vos consciences, mais…tout le monde ne l’écoute pas.
Djy Tu veux parler de nos guides Père, de ces voix qui résonnent en nous comme des échos ?
Père Exactement. Mais vois-tu comme je n’ai pu maîtriser l’évolution des êtres, je n’ai pu maîtriser l’écho de ces petits voix. Elles aussi ont subi caractères, il y en a des bonnes et mauvaises à la fois.
Djy Ah, ça Père, je m’en suis aperçu. Quelquefois avant de prendre quelconque décision, je réfléchis et là comme tu dis s’installe un combat. Je pense : »oui, cela serait bien ! Non cela, il ne faut pas…
Père Et alors ?
Djy Alors Père, j’écoute, mais je me dis : »C’est moi qui commande » et je fais ce que bon me semble. Et J’avoue que quelquefois je fais le mauvais choix.
Père Voilà ma chérie, tu es le ring, sur lequel se livre le combat mais malheureusement je dois encore te dire que le vainqueur n’est pas celui qu’on croit.
Djy Tu veux dire quoi Père ?
Père Je veux dire que ton corps n’est qu’une jolie boite qui renferme en elle deux protagonistes qui se livrent un éternel combat.