6 L’île se peuple
Comme tous les matins, Amandine et la famille se retrouvent autour de la table pour déjeuner. Ce matin, c’est jour de congé, il n’y a pas école. Vers 10 heures, Amandine demande à son Grand-père de l’accompagner faire un tour dans le bois voisin. Ils partent donc tous les deux sans oublier une petite gourde remplie d’eau.
L’air est vivifiant, un parfum d’herbe humide accompagne leurs pas. Devant eux quelquefois passe un petit écureuil, pressé de traverser le sentier pour retrouver son arbre. On trouve aussi quelques petits hérissons qui n’hésitent pas à se mettre en boule dès qu’ils aperçoivent des passants. La route n’est pas bien longue et après quelques minutes de marche, on entre dans le bois où manèges, toboggans, poutres et filets ont été installés pour les enfants. Il y a là, quelques petits écoliers qui s’ébattent sous les yeux attentifs de leurs parents. Amandine aime bien ce coin où les grands arbres font comme une immense maison. Elle mène son Grand-père vers un banc où le soleil a bien séché l’humidité de la nuit.
« Voilà Grand-père, là, on sera bien, pas trop près des jeux car les petits crient et rient un peu trop fort ! Allez, tu me racontes la suite ?»
-Je ne peux rien te refuser mon lapin, tu es si gentille ! Bien. Veux-tu qu’on résume un peu le début ou as-tu bien gardé en mémoire tous les faits ?
-Non, non, Grand-père, je sais très bien où tu en es !
-Bien, alors continuons. Mais voyons, par quoi ce chapitre va-t-il commencer ?
-Je sais Grand-père, je sais : « Des soleils se levèrent, des soleils se couchèrent et l’île se peupla.
-Très bien ma chérie ! Très bien ! On fera peut-être de toi un écrivain !
-Oh pour cela Grand-père, il me faudra beaucoup d’imagination ?
-Crois-tu ma chérie ? Quelquefois l’histoire des hommes nous en donne la matière !
Donc, des soleils se levèrent, des soleils se couchèrent et l’île se peupla, mais pas d’hommes comme tu peux le penser ! Non, elle se peupla d’animaux. On y trouvait beaucoup d’espèces, des petits rongeurs, des herbivores, des carnassiers, des insectes, papillons, oiseaux de toutes sortes et bien entendu CYBELE et notre petit Scarabée.
-Mais Grand-père, ils étaient toujours vivants ?
-Ah oui, ma chérie, dans mon histoire personne ne meurt, c’est plus sympa, tu ne trouves pas ?
-Tu as raison Grand-père, si on pouvait vivre des soleils et des soleils, cela serait bien !
- Tu as bien compris qui était CYBELE ?
- Oui, Grand-père ! La Nature !
- Et Scarabée ?
- Moi, je dirais que c’est un peu la voix des animaux de la Terre.
-Ce n’est pas mal comme idée ma petite chérie. Eh bien, tu vois que tu as de l’imagination !
Donc la Nature et les animaux vivaient en parfaite harmonie : CYBELE continuait à entretenir l’île afin que chacun puisse trouver à se nourrir et les animaux étaient très respectueux du territoire de chacun. Il y avait bien quelquefois de petites bagarres, mais rien de grave, c’était plutôt les plus forts qui intimidaient les plus petits. Bien entendu, chaque groupe avait un chef et ma foi, tout se passait dans l’ordre des choses. Et puis… et puis… un jour arriva l’homme.
-Comment Grand-père ?
-Ah ! ça, nul ne le sait ma chérie. Depuis des soleils et des soleils on essaie d’en percer le mystère, mais je crois que c‘est peine perdu. Si quelqu’un veut en garder le secret, il faudra bien qu’on le respecte. Donc je vais imaginer pour mon histoire que cet homme est sorti de la mer. On dit tellement que la mer est une grande richesse, qu’on peut supposer qu’elle nous ait donné son plus beau bijou.
Donc, c’était une nuit, mais une nuit pratiquement sans lune. La veille, il y avait eu grande tempête et tous les animaux étaient restés terrés dans leurs coins. Est-ce la tempête qui ramena du fond de l’océan ce petit homme ? Toujours est–il qu’il se trouvait là, allongé sur la plage comme l’avait été Tronc d’arbre. Tu te souviens ?
-Très bien Grand-père.
Pendant toute la nuit, il ne bougea pas. Personne n’aurait pu lui porter secours, mais le lendemain alors…
Amandine continua : qu’une lueur orange apparut dans le ciel et l’illumina tout entier…
-Bien ma chérie !
Scarabée fit irruption.
-J’en étais sûre dit Amandine !
- Eh oui, ce petit Scarabée est de tous les sauvetages ! Donc il trotte sur la plage et rencontre le petit homme. Mais n’en ayant jamais vu, il pense que son ami arbre lui envoie un présent. Il grimpe donc sur le petit homme comme il l’avait fait pour son ami et passe sur ses lèvres.
-Quoi ! quoi ! Qu’est-ce que c’est ? Où suis-je dit le petit homme ?
-Bienvenue répond le Scarabée, bienvenue mon ami, tu es sur « l’île Paradisiaque ».
-Le petit homme alors se lève, et regarde autour de lui, il cherche l’auteur de ces paroles !
-Ici ! Ici ! Dit le Scarabée comprenant son interrogation.
Tout étonné, le petit homme prend le Scarabée dans ses mains et l’embrasse. Merci ami, merci de ton hospitalité. Je serai digne de cette amitié et respecterai cet endroit.
-Viens dit Scarabée, il faut que je te présente à tous les amis. Et c’est en lançant un petit cri, qu’il avertit les voisins, lesquels avertirent d’autres voisins et ainsi de suite.
Au bout d’une demi-heure, le petit homme est entouré par tous les habitants l’île.
-Mais Grand-père, comment pouvaient-ils communiquer ? Les animaux ne parlent pas !
-Oui, mais en ce temps-là, ils parlaient. Rappelle-toi ce qu’a raconté ta maîtresse !Les premiers hommes n’émettaient que des sons : heu ! heu ! hou ! hou !
-Tu me fais rire Grand-père !
Eh oui ma chérie ! Alors au début de notre histoire, les animaux devaient bien s’entendre avec les hommes ! Regarde, maintenant, quand le coucou chante, si tu reproduis exactement son bruit, il te répond.
-C’est vrai Grand-père ?
-Si je te le dis, il faut me croire ! Tu sais les adultes ne doivent jamais mentir aux enfants ! C’est une règle ! Alors, tu veux que je continue ?
-Peut-être pas Grand-père, il doit être tard, tous les enfants sont rentrés !
-Bien ma chérie, allons rejoindre Grand-mère, et en arrivant, nous lui dirons : Coucou ! coucou !
-Tu crois qu’elle répondra ?
-Nous verrons bien !
Et la grand-mère répondit : Coucou ! coucou mes chéris !
« Cela marche Grand-père ! » Dit Amandine.