9 Les rapaces
Il est dix-huit heures, les parents d’Amandine entrent du travail. Comme tous les soirs, maman cajole son bébé qu’elle n’a pas vu de toute la journée, et s’occupe des devoirs et des leçons d’Amandine. Papa, après une bonne douche fait le tour de la maison et souvent travaille à des dossiers qu’il ramène de son bureau. Des conversations vont bon train entre tous les occupants de la maison. Grand-mère s’affaire toujours dans la cuisine afin que le repas soit prêt à l’heure. Elle ne tient pas à être en retard car dit-elle, la soirée serait désorganisée. Elle pense surtout en disant cela aux enfants qui doivent avoir des heures régulières pour leur coucher. Dans la journée, c’est Grand-mère qui prend soin du bébé, mais le soir il retrouve papa, maman et Amandine afin de lui donner de bons repères. Il est très important pour lui, petit bout de chou, qu’il sache bien connaître le monde qui l’entoure.
Donc ce soir-là, comme tous les autres soirs, la famille se retrouve autour de la table et déguste tous les bons petits plats que Grand-mère a préparés. Ensuite, la soirée de détente commence. Il n’y a pas de télévision dans le salon. Seuls Grand-père et Grand-mère en possèdent une dans leur chambre. C’est maman et papa qui l’ont voulu ainsi. Ils pensent que les enfants ont bien le temps de s’y habituer. Ils veulent pour eux, des moments conviviaux autour de conversations intéressantes et culturelles. D’ailleurs si Amandine adore lire et écouter les histoires de Grand-père, ce n’est pas pur hasard ! Elle y est habituée depuis sa plus tendre enfance. Il faut déjà la voir raconter les histoires à son petit frère Sylvain ! Celles de Grand-père mais celles aussi qu’elle lit sur ses livres d’images !
Donc ce soir-là, c’est encore avec Grand-père qu’elle rejoignit sa chambre pour écouter la suite de CYBELE et la Terre.
Quelques petits soleils se levèrent et quelques petits soleils se couchèrent dit-il à Amandine qui s’était bien calée sur ses deux oreillers !
-Pourquoi Grand-père, le temps raccourcissait ?
-Non, ma chérie, mais tu vois je pense qu’il est plus long à construire les choses qu’à les défaire !
Dans cette île si belle que l’oiseau d’or avait créée pour CYBELE, tout était enchanté. Les arbres, les fleurs, les animaux et les insectes passaient des jours heureux. Et un jour, sans méfiance car avec petit homme il avait toujours été récompensé, un jour, d’autres hommes arrivèrent et Scarabée les laissa entrer.
-Mais d’où venaient-ils Grand-père, toujours de la mer ?
-Oui ! Peut-être avaient-ils fait naufrage au cours d’une tempête ? Ils abordèrent l’île en grands conquérants.
« Ah, merci ! merci ! Dirent-ils à la mer, tu nous as mis sur terre pour qu’on ne périsse pas ! » Et plein de fougue et joyeuses paroles, ils entreprirent la visite de l’île
Paradisaque. En passant dans les allées que petit homme avait tracées pour tous ses amis, ils arrachaient les fleurs pour garnir leurs oreilles, jetaient des cailloux pour faire tomber les fruits et quand ils arrivèrent au plus haut des sommets, on les entendit dire : « Ici, nous sommes chez nous ! » Ils avaient oublié que cette Terre CYBELE n’était qu’un refuge pour eux.
-Eh oui Grand-père, ce n’était pas chez eux !
-Oh ! Ils auraient pu faire de cette île une perle, une perle qui les aurait parés jusqu’à leurs derniers jours ! Mais non, ils ont commencé à couper les arbres, à dévier les rivières, à creuser les rochers, à polluer les mers, ils sont même allés à tuer les petits animaux !
-Oh, Grand-père, ton histoire devient triste ! Je vais pleurer si tu continues.
-Je sais ma chérie ! Je sais, mais tu sais qu’on ne doit pas mentir aux enfants, alors il faut que tu sois forte pour accepter l’histoire, mais peut-être y a-t-il une solution ?
-Pour sauver cette Terre Grand-père ? Pour sauver cette Terre ?
-Oui, ma chérie, je vais y réfléchir. Et maintenant, dors bien. Peut-être que c’est toi qui trouveras la fin ! Peut-être que dans tes rêves, le bel arbre te parlera et te dira comment il faut faire pour relever tout cela ? Dors bien ma chérie, dors bien, je t’aime.
Grand-père embrassa Amandine, éteignit la lumière et sortit doucement.